Retour accueil de cris et écrits
Page suivante


Credo : symbole des Apôtres

est mort et a été enseveli

Je crois en Dieu, le Père tout-puissant, 
Créateur du ciel et de la terre.
Et en Jésus Christ, son Fils unique, notre Seigneur ;
qui a été conçu du Saint Esprit, 
est né de la Vierge Marie,
a souffert sous Ponce Pilate, a été crucifié,
est mort et a été enseveli,
est descendu aux enfers ;
le troisième jour est ressuscité des morts,
est monté aux cieux,
est assis à la droite de Dieu le Père tout-puissant,
d’où il viendra juger les vivants et les morts.
Je crois en l’Esprit Saint, à la sainte Église catholique,
à la communion des saints, à la rémission des péchés,
à la résurrection de la chair, à la vie éternelle.

Amen.

-  Je crois

Croire, avoir foi en, ne pas mettre en doute, admettre d’emblée, postuler que ce qui est dit est vrai, quel que soit l’interlocuteur. C’est ma façon de faire un bout de chemin avec toi, mon prochain, mon voisin. Parce que je crois, je n’appartiens pas à une obédiance particulière mais à un mouvement de fond représenté par la vie d’un certain Jésus. Ceci n’exclut en aucune manière toutes les recherches faites en vérité par tous ceux qui ne font pas référence à ce même Jésus, homme historique situé dans le temps et l’espace.

Croire fait appel à une notion d’expérience, de découverte personnelle. Contrairement au savoir, croire recèle une incertitude, une possibilité de réviser une connaissance, une opinion. Croire en quelqu’un, en quelque chose, implique un acte de confiance, de partage, voire une adhésion.

-  Je crois en Dieu,

Une affirmation plus délicate. Il me faut ici faire un peu de ménage, tant l’image, le concept même du divin est brouillée par ceux-là mêmes qui affirment la notion divine. L’idée de Dieu est avant tout une réponse de l’homme à une question fondamentale : pourquoi ? Pourquoi y-a-t’il quelque chose et non pas rien, pourquoi suis-je ce que je suis, pourquoi ces catastrophes, ce mal qui nous entoure ? etc.

Je ne crois pas, bien sûr, en ce vieillard barbu, grand inquisiteur, omniprésent, omnipotent. Je ne crois pas, en un mot, en ce Dieu si humain, inventé par les hommes pour répondre à leurs angoisses, leurs besoins de pouvoir, de savoir, de comprendre, de justifier. 

Je ne rejète pas le concept d’unicité (le « je crois en un seul Dieu » du “Crédo de Nicée”). Il s’agît d’un concept, “Dieu” ou “le Divin”. Mais ce Dieu unique n’est-il pas mystérieusement trois, à la fois Père, Fils et Esprit ? Cette notion de “Dieu”, par son aspect global, peut être aussi bien divisée (les dieux) pour être plus accessible et/ou exploitée.

-  Dieu, le père tout puissant, créateur du ciel et de la terre

(Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre - Génèse, 1,1)

Nous entrons dans le vif du sujet, dans la profession (la confession) de foi du croyant. C’est l’acte fondateur, le salut au drapeau, la déclaration d’adhésion au statut décliné dans la suite du texte. Qu’y trouvons nous ?

  • Dieu est notre père : c’est logique, si Dieu est notre créateur, l’initiateur de tout ce qui vit et bouge sur notre terre (et ailleurs ?), il est aussi notre père. Pas notre géniteur direct, il s’est contenté de l’amorçage, pas de la transmission. Un point important : il est père de tout ce qui vit, pas seulement des humains, pas seulement des terriens, ni des habitants de notre galaxie s’il en est d'autres. Jésus affirme cette paternité, et nous invite à le prier. Pour les uns, nous l’appelons simplement “Père” (Lc 11,2), pour d’autres, nous y allons de “Notre Père” (Mt 6,9). Rappelez vous toutefois que nous sommes ici dans une tradition ancienne, qui place l’homme à l’origine de tout. « Il suffit de formuler tout haut et d'écrire  Dieu la mère pour ressentir ces mots comme scandaleux, comme blasphématoires (Albert Jacquard, Dieu ?) »
  • Dieu est tout puissant, créateur du ciel et de la terre. Vu de notre hauteur, c’est vrai, Dieu doit être puissant pour avoir créé tout ce qui nous entoure. Il est à l'origine de tout, créateur de tout, "de l'univers visible et invisible". Jean traduit cette idée par son « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était tourné vers Dieu, et le Verbe était Dieu (Jn 1,1) » Il y a comme une nuance. J'aime à imaginer l'univers avant que nous ne soyons. C'est le vide absolu, froid, sans limite. Il n'y a rien, et Dieu est ce rien. Puis ce rien c'est fait communiquant : une vibration d'abord infime, puis de plus en plus forte.« Il était au commencement tourné vers Dieu. Tout fut par lui, et rien de ce qui fut, ne fut sans lui » De vibration en Verbe, nous arrivons à cette clameur immense que nous appelons "Big Bang", et le Verbe se répend dans tout l'univers. Nous sommes partie de ce Tout, partie de ce Verbe, partie de Dieu.

-  Et en Jésus Christ, son Fils unique, notre Seigneur, qui a été conçu du Saint Esprit, est né de la Vierge Marie, a souffert sous Ponce Pilate, a été crucifié, est mort et a été enseveli, est descendu aux enfers ;

Voici résumé la vie et la mort de Jésus, Iechoua, le sauveur.

Ce que j'en connais, l'histoire qui m'est parvenue est celle d'un homme, pas tout à fait ordinaire, qui a vécu il y a deux mille ans. Ses paroles, ses actes nous sont transmis d'abord par voie orale. Même si ses contemporains avaient une grande habitude de transmettre les enseignements reçus oralement, nous pouvons déjà craindre quelques distorsions. Puis la tradition orale s'est fixée par écrit, au grès des compilations, des notations, en fonction des besoins de chaque auteur. Ainsi, nous ne savons pas précisément qui étaient les évangélistes, nous ignorons qui étaients les auteurs apocryphes écartés , nous voyons bien les nécessités  de pouvoir qui ont guidé ceux qui ont inventé les actuelles Eglises.

Ce que je sais, c'est que cet homme, par la grâce de la mémoire, est encore vivant parmi nous. Je ne crois guère aux miracles, que cette vie nous soit connue aujourd'hui en est un.

-  le troisième jour est ressuscité des morts, est monté aux cieux, est assis à la droite de Dieu le Père tout-puissant, d’où il viendra juger les vivants et les morts.

Peut-être, avec les réserves déjà émises sur la puissance paternelle divine, auxquelles s'ajoute l'interdiction qui nous est faite de juger. Pour citer un grand compositeur de notre siècle (?) : "Nous irons tous au Paradis".

-  Je crois en l’Esprit Saint,

Celui qui souffle où il veut, malgré les portes et fenêtres fermées de nos Eglises, de leurs conciles, conclaves et autres assemblées. Ce souffle est présent en toute vie, celle-ci grouille alentours depuis les origines de notre monde, depuis les origines des mondes.

-  à la sainte Église catholique,

Là, je ne suis plus. Question : « l'Église peut-elle à juste titre se réclamer de Jésus ? Est -ce vraiment elle qui en réalité est fondée dans l'évangile de Jésus ? Ou bien ne serait-elle qu'un produit de remplacement, un bouche-trou pour quelque réalité beaucoup plus grande, mais qui, bien qu'annoncée, n'est pas encore arrivée ? » (Hans KUNG, L'Eglise, Tome 1, Desclée De Brouwer, 1968, p. 71). 

Pour moi, je puis me tromper, l’Eglise catholique n'est ni sainte, ni catholique. L'histoire même de cette Eglise nie sa sainteté. Quand à son universalité (katholicos serait utilisé dans le sens d'universel), rien n'autorise l'Eglise catholique à se considérer plus universelle qu'une autre. Pour être universelle, l'Eglise ne peut être qu'une somme des différentes approches faites par les nombreuses communautés présentes sur Terre.

-  à la communion des saints, à la rémission des péchés,

La rémission des péchès, j'adhère. Remettre, pardonner, c'est rendre possible la vie en commun.

-  à la résurrection de la chair, à la vie éternelle.

Ceci n'a pas grand intérêt, si ce n'est celui d'inciter les plus malheureux d'entre nous à se résigner. Demain, quand ils seront morts, sera un jour meilleur. Pauvres riches, pauvres puissants, qui ont eu leur récompence en ce monde ! Qui dit que la richesse, la puissance, sont données en ce monde à ceux qui le méritent, sont des grâces divines ? Foutaise ! Je dirais même sacrilège !  Jésus est mort  par les riches, les puissants. Ne dit-on pas que ce Jésus est Fils de Dieu, son fils unique même ? Dieu récompenserait un tel crime ?

La résurrection de la chair, la vie éternelle, peu importe. C'est aujourd'hui et maintenant qu'il faut vivre, et rendre ce monde supportable à tous ses habitants.  Comment pourrions définir l'éternité, alors que tout est mortel alentour ? Certes, à notre échelle, la durée même de notre univers est immense, quelques milliards d'années terrestres. Mais à l'échelle de l'univers, notre existance n'est-elle pas qu'un bref instant. Qu'est-ce que la durée, quand le temps n'existe pas ?  Qu'est-ce que l'éternité dans l'infinitude du temps ? Qu'est-ce que la durée alors que notre raison ne connaît pas les limites, que nous pouvons toujours inventer un avant à notre avant ?