Des quatre à rebours noirs,
peints sur l'ensemble des portes d'un immeuble, sauf une choisie au
hasard ; des textes en français ancien ou en latin,
déclamés sur la place publique, au carrefour
Edgar-Quinet-Delambre, tout près de la Gare Montparnasse ;
voilà bien de quoi inquiéter un vieux professeur,
un vieux commissaire...
Des signes étranges, tracés à
la peinture
noire sur des portes d'appartements, dans des immeubles
situés
d'un bout à l'autre de Paris. À première vue, on pourrait
croire
à l'oeuvre d'un tagueur. Le commissaire Adamsberg, lui, y
décèle une menace sourde, un relent
maléfique. De
son côté, Joss Le Guern, le Crieur de la place
Edgar-Quinet, se demande qui glisse dans sa boîte
à
messages d'incompréhensibles annonces
?
Certains textes sont en latin, d'autres semblent copiés dans
des
ouvrages vieux de plusieurs siècles. Mais tous
prédisent
le retour d'un fléau venu du fond des âges...
Voilà bien de quoi captiver le lecteur que vous êtes.
Déjà fan de Fred VARGAS ? cela ne gâte rien !
Encore quelques bonnes soirées en vue...
Auteur(s) :
Fred VARGAS
Né(e) le 1 janvier 1957
Fred Vargas, la reine du roman policier français, emprunte
son
nom de plume au personnage d’Ava Gardner dans La comtesse aux
pieds nus,de J. Mankiewicz. Née à Paris en 1957,
elle
devient une éminente archéologue
médiéviste
et travaille pour le CNRS avant d’entamer une
carrière
d’écrivain. Auteur d’une dizaine de
« Rompol
», Fred Vargas dépeint, au-delà
d’une
intrigue policière captivante, un univers
poétique au
sein duquel ses personnages ne cessent de gratter la surface des choses
afin d’en dégager la véritable essence.
Vendus dans
une quarantaine de pays, les romans de Fred Vargas ont reçu
de
nombreuses récompenses en France et à
l’étranger dont le prix Mystère de la
critique en
1996 pour Debout les morts et le Grand prix du Roman noir de Cognac en
2000 pour L’homme à l’envers. Pars vite
et reviens
tard a obtenu le prix des Libraires et le Grand prix des lectrices de
Elle en 2002.
Références bibliographiques :
J'ai Lu, 2007, 352 p.
Extrait :
Pages 94-95
- Ce ne sont que des mots. Des mots. Ca n'a
jamais tué personne. Ca se saurait.
- Mais ça se sait, Le Guern. Les mots ont toujours
tué, au contraire.
- Depuis quand ?
- Depuis que quelqu'un crie « À mort ! »
et que la foule le pend. Depuis toujours.
Pages 109-110
- C'est votre adjoint, là-bas ? demanda Decambrais
en désignant Danglard du menton.
- Le capitaine Danglard.
- Bertin, le grand Normand qui tient le bar, est en train de lui
expliquer les vertus de jouvence de son calva spéciel
maison. Au
rythme où votre capitaine lui obéit, il aura
rajeuni de
quinze ans d'ici un quart d'heure. Je vous signale juste le
fait
pour vous mettre en garde. D'expérience, c'est un calva hors
du
commun, mais qui vous rend inopérant pendant toute la
matinée du lendemain, au bas mot.
- Danglard est souvent inopérant pendant toute la
matinée.
- Ah, très bien. Qu'il sache tout de même qu'il
s'agit
d'un alcool bien particulier. Non seulument on est inopérant
mais on est presque simplet, hébété,
un peu comme
un escargot dans sa bave. Une mutation étonnante.
- C'est douloureux ?
- Non, c'est comme des vacances.
Pages 136-137
- Il croit donner la peste alors qu(il
étrangle ? demanda l'homme à droite. S'il est
capable de se leurrer lui-même à ce point, on a
affaire à un vrai schizophrène, non ?
- Pas forcément, dit Adamsberg. CLT manipule un univers
imaginaire qui lui semble tenir debout. Ce n'est pas si rare : des
quantités de gens croient qu'on peut lire l'avenir dans des
cartes à jouer ou du marc de café.
Là-bas, ailleurs, dans la rue d'en face ou dans cette
brigade. Où est la différence ? des tas d'autres
gens suspendent une Vierge au-dessus de leur lit, convaincus que cette
statuette faite de main d'homme et acquise pour soixante-neuf francs va
réellement
les protéger. Ils parlent à la statuette,
ils lui racontent des histoires. Où est la
différence ? La limite, lieutenant, entre l'idée
du réel et le réel n'est qu'affaire de point de
vue, de personne, de culture.