(article publié dans Le Kiosque,
espace virtuel destiné au personnel de
Sarthe Habitat. - 17 mars 2005)
Traditionnellement, le
« Portrait
d'ici » débute par « si vous étiez une chanson, vous seriez ? » Mais
voilà, je ne suis pas une chanson. Et de poursuivre : « si
vous étiez un
livre, vous seriez ? » C'est vrai que j'aime écrire. Ecrire, plaisir
d'écrire… Ce qui compte vraiment, ce n'est pas le texte. Non ! Ce qui
compte vraiment, c'est la musique des mots, le plaisir du geste qui
fait courir la plume sur le papier, la main qui fait corps avec
l'esprit. Mais, pardonnez moi, je ne suis pas un livre, ni un animal,
rien de tout cela. Je ne suis qu'un homme. Un homme libre, un homme
debout, qui aime, rêve, cherche. Nous voilà bien avancés !
Bon, faisons une autre tentative. Le questionnaire de PROUST (1886),
vous connaissez ? Certes, ça date un peu. Le dix-neuvième siècle,
c'était l'heure de la révolution industrielle, l'aggravation de
l'exploitation de l'homme par l'homme, les richesses accumulées, la
misère et les luttes ouvrières, la Commune de PARIS et sa répression
sanglante. Ca ne vous rappelle rien ? Est-ce si différent aujourd'hui
avec la misère dans les rues, les sans logis, la suppression programmée
du Service Public, le libéralisme égoïste qui nous invite sans honte à
travailler plus pour gagner plus. Les patrons qui nous gouvernent
savent pourtant bien que, pour gagner plus, point n’est besoin de
changer ses habitudes, il n’est pas nécessaire de travailler plus : il
faut et il suffit qu’ils s’accordent une substantielle augmentation. Ce
qui est valable pour eux ne fonctionnerait pas pour tous ?
Mais ne nous égarons pas : le questionnaire de PROUST, donc. Notez que
la question la plus intéressante c'est : « Etat présent de mon
esprit »,
à laquelle PROUST à répondu : « l'ennui d'avoir pensé à moi pour
répondre à toutes ces questions ». Cela n'empêche pas de brillants
professeurs de faire transpirer nos chères têtes blondes. Aviez-vous
remarqué que nos chères têtes sont généralement décrites comme blondes
? Cela me permet de discourir et, je l'espère, vous soustraire quelques
trop brefs instants de vos tâches quotidiennes. Pardon, Chers Clients
(autrefois les Usagers, aujourd'hui encore nos Locataires), de ces
instants volés. Mine de rien, nous parlons de choses sérieuses.
- Ma
devise ?
"Rêver un impossible rêve
…
Aimer, même trop, même mal" (Jacques BREL, La
Quête)
- A
part moi-même qui voudrais-je être ?
Personne d'autre, je ne voudrais pas qu'un autre ait à
souffrir
en prenant ma place. Un seul Roland suffit à notre bonheur.
Et
puis, je suis assez fier du nom qui me désigne. Roland, du
germanique "Hrod" (Gloire) et "Land" (Pays), peut se traduire par
"Terre Glorieuse" ou "Terre de Gloire". D'autres versions donnent
"Sauveur du Pays". C'est déjà tout un programme.
Quant
à "NUEL", cela pourrait signifier
"dépouillé",
"pauvre". Tout un symbole, n'est-il pas ?
- Ma
vertu préférée ?
Du latin "virtus", courage, force physique, sagesse. La vertu est la
"disposition à faire le bien et à fuir le mal"
(mon
dictionnaire). Pour moi, il n'existe qu'une possibilité
répondant à ce critère : aimer. "Aimes
et fait ce
qu'il te plaît", aurait dit Augustin, saint de son
état.
Aimer, c'est écouter, accompagner, soutenir, pardonner,
inciter,
ne pas juger, … Quand on aime, on ne peut vouloir le mal
pour
l'autre, les autres.
Pardonnez-moi, vous à qui j'ai fait mal, vous que j'ai pu
blesser : telle n'était pas ma volonté.
- Ma
principale qualité ?
La volonté, la
ténacité.
- Mon
principal défaut ?
Le revers de la médaille de ma principale qualité
: je
n'aime pas perdre ! J'essaie autant que faire ce peut de mettre ce
défaut au service des idées que je
défends. Ainsi,
ce défaut devient une qualité.
- La
qualité que je préfère chez les
hommes, celle que
je préfère chez les femmes ?
Aucune en particulier. Ou plutôt, les qualités que
je
préfère chez les hommes sont les mêmes
que celles
que je préfère chez les femmes :
l'écoute, le
partage, le respect, l'Amour, le service des autres. Hormis quelques
particularités physiques, hommes et femmes sont un tout :
ils
sont la voie choisie par la nature pour fonder l'humanité.
Chacun, homme ou femme, a ses qualités et ses
défauts,
ses forces et ses faiblesses. Nos sociétés dites
développées seraient bien avisées de
s'appuyer sur
cette évidence, plutôt que de
préconiser les
tâches dites mineures pour la femme -la cuisine, les
mômes,
le repos du guerrier, les emplois sous qualifiés, sous
payés- et les tâches dites supérieures
(le boulot,
le bistrot ?) pour l'homme. Nous avons dépassé ce
stade ?
J'exagère ? Voire ! Qu'y a-t-il derrière
certaines
orientations politiques du moment ? Et derrière certaines
traditions professionnelles ? Vous voulez faire l'inventaire
aujourd'hui et maintenant ?
- Où
aimerais-je vivre ?
Là où je suis.
Conçu à
PARIS, né en
ALGERIE –alors département
français–
j’ai fait mon tour de France et posé mes valises
à
LA FLECHE, centre actuel de l’Univers. Mais ici ou ailleurs,
cela
n’a guère d’importance. Citoyen du
Monde, monde
infime, infime grain de poussière à
l’échelle de l’infini qui nous entoure,
je suis
là où la vie me conduit.
- Comment
j'aimerais mourir ?
Si mourir, c'est ne pas avoir d'attrait pour la vie, trop tard, je suis
déjà mort, il y a longtemps. J'espère
seulement
que le mort-vivant que je suis aujourd'hui peut encore apporter quelque
réconfort à son entourage.
Mais si, pour vous, mourir c’est cet instant où je
serai
obligé d’abdiquer, de me coucher par abandon de
poste,
sachez que la mort ne me fait pas peur.
"Lorsque survient la mort d'un être humain, la
capacité
d'alimenter en énergie les multiples échanges
réalisés entre les substances qui constituent son
corps
ne disparaît pas ; cette capacité s'est seulement
orientée vers d'autres métabolismes, ceux qui
permettent
à une multitude d'êtres vivants de
proliférer. Ce
qui disparaît est la capacité de l'ensemble
à
constituer une unité intégrée et
surtout sa
capacité à s'affirmer être,
à manifester par
cette affirmation cette performance inouïe : être
conscient.
La mort, pour un humain, n'est pas seulement le bouleversement de ses
métabolismes, qui sont mis brutalement au service de
nouveaux
objectifs, elle est l’impossibilité soudaine et
définitive de penser "je" ". (Albert JACQUARD,
Dieu ?,
2003, Stock / Bayard, 160 p.)
- Les
faits historiques que j'apprécie le plus ?
Question délicate, l'histoire n'est-elle pas le fait du
prince ?
Seule compte l'histoire des puissants, celle des vainqueurs. Les
vaincus peuvent, à la rigueur, servir d'esclaves, s'ils sont
assez forts, si elles sont assez jeunes et belles.
Pourtant, c'est une histoire de vaincus qui retient mon attention : la
Commune de PARIS, 1871. Un bel exemple de ce que savent faire les
conservateurs au pouvoir. Cela s'est terminé dans un bain de
sang (140 000 morts). Ceux qui n'ont pas été
assassinés ont été exilés,
envoyés
au bagne. Ce n'était que de pauvres hères, de
petits
commerçants, des artisans, des ouvriers : des gens de rien !
Tous acculés à la misère par les
notables de
province, la "République de la honte", la
"République des
ducs". Et pour que le bon peuple sache bien qui est au pouvoir, on fit
construire un monument, financé par la Nation, en expiation
des
péchés de ceux qui avaient eu le front de se
révolter : la Basilique du Sacré Cœur.
Une horreur
monumentale. Vous ne pouvez pas la rater, c'est juste au sommet de la
butte Montmartre, à la place des jardins ouvriers de
l'époque. Et oui, la séparation de l'Eglise et de
l'Etat
n'existait pas encore. Certaines idées de la Commune sont
encore
vivantes aujourd'hui. On en trouve trace dans nos partis politiques
(merci de tourner vos regards plutôt vers la Gauche), dans
nos
organisations syndicales.
- Les
faits historiques que je méprise le plus?
Le mépris n’est pas de ma culture. Si
l’on souhaite
par cette question m’interroger sur les faits historiques que
je
déplore, ce qui précède devrait
éclairer le
débat. Peu m’importe la vie des
puissants : au mieux,
on s’est contenté d’effacer le mauvais
côté des faits réellement
vécus ; au
pire, on aura simplement inventé l’histoire. Quand
aux
actes violents dont l’histoire est pleine, guerres de
conquête, de religion, de libération, civiles,
tous les
actes de violence quels qu’ils soient, ils sont la face
obscure
de l’humanité.
"Mon ami qui crois …
…
Dis-le toi désormais
Même s'il est sincère
Aucun rêve jamais
Ne mérite une guerre
On a détruit la Bastille
Et ça n'a rien arrangé
On a détruit la Bastille
Quand il fallait nous aimer" (Jacques BREL, La Bastille)
- Le
fait militaire que j'estime le plus ?
C'est simplement une hérésie ! Comment peut-on
estimer un
fait militaire ! Comment, aujourd'hui encore, après vingt
siècles de christianisme, peut on tolérer le fait
militaire, le droit de tuer, de torturer, de violer, de voler !
"Il n'y a que les hommes pour être capables de tuer par
millions
pour la victoire d'un chef, les animaux ne le font pas. Des hommes qui
eux ne se connaissent pas et ils s'entretuent sur l'ordre de chefs qui
eux se connaissent, mais qui ne s'entretuent pas. Des chefs qui,
demain, signeront la paix, se serrant la main, un verre de champagne
dans l'autre main." (Abbé Pierre, Paroles de Paix, avril
2003)
Scandale supplémentaire, il est même des religieux
pour
bénir les armées avant le combat : "Gott mit uns"
ou "God
bless America" N'est-ce pas un certain Jésus qui disait,
lors de
son arrestation, "remets ton épée à sa
place, car
tous ceux qui prennent l'épée périront
par
l'épée" (Matthieu, 26,52) ?
- Le
personnage historique que je préfère
?
Ils sont plusieurs. Le plus important, bien que son histoire soit
contestée par quelques-uns, que les versions de sa vie
diffèrent même parmi les textes officiellement
retenus,
vous l’avez sans doute déjà
deviné : un
certain Jésus, né en Palestine quatre
à sept ans
avant son ère. Il n’a pas vécu bien
longtemps, une
trentaine d’années à peine. Il semble
que, à
l'époque et si on en juge par les écrits
laissés
par les historiens, ces évènements n'avaient rien
d'extraordinaire ! Ainsi, Jésus n'a pas fondé
d'Eglise,
pas même une secte. Il n'a pas inventé le
christianisme.
Il était Juif, simplement. Son enseignement a cependant
dû
paraître si dangereux aux hommes de pouvoir, qu'ils ont
jugé nécessaire de le faire
disparaître. Ils s'y
sont si bien pris que, voulant en faire un exemple négatif,
ils
en ont fait un martyr ; au lieu d'éteindre la flamme, ils
ont
allumé le feu. Et voilà plus de deux mille ans
qu’il suscite des vocations. Je tiens à
préciser
que les crimes qui ont été commis en son nom ne
sont pas
de son fait. Du fait de ses parents, son Père en
particulier,
non plus !
Il est un autre personnage, pas encore tout à fait
historique,
qui me parle beaucoup. Vous l’avez peut-être aussi
deviné, c’est l’Abbé Pierre.
On reste en
famille ! Et puis, parmi ses grandes idées, il
défend le logement social. Un bon point.
- Le personnage
historique dont j'aurais pu me
passer ?
Jean-Paul II, pape. Enfin, peut-être pas l’homme
lui-même, je ne le connais pas personnellement. Ni les hommes
qui
l’entourent, d’ailleurs.
Il se trouve que, dans ma jeunesse, un certain Jean, 23ème
du nom, avait été démocratiquement
élu par
ses pairs. Il paraît qu’il avait
été
jugé suffisamment insignifiant pour qu’on puisse
l’élire. Avec lui, on ne prenait pas de risque. Et
ce bon
pape n’a rien fait de mieux que d’initier VATICAN
II. Cela
a provoqué un grand courant d’air frais dans
l’Eglise Catholique, la seule que je connaisse, en fait. A sa
mort, les Hommes de Dieu, ceux qui gouvernent la dite Eglise, se sont
vite empressés de fermer les fenêtres. Les
courants
d’air, ça fait désordre. Et il ne
faudrait pas que
le Saint Esprit souffle trop fort, on risque de s’enrhumer.
Nous
sommes vite revenus bien au chaud, dans le train train quotidien, bien
conservateurs, quelque peu intégristes, bien vieillissants
aussi. On a remis quelques pendules à l’heure,
tenté de faire taire quelques théologiens
récalcitrants. Heureusement, l’Esprit souffle
où il
veut, même (surtout ?) en dehors des Eglises,
quelles
qu’elles soient.
- Mes
héros
dans la vie réelle
?
Je n’en connais pas. S'il en est un, il est au service du
plus
petit d’entre nous, il n’en fait pas tout un plat.
On ne
voit pas le sel qui donne du goût au met que l’on
déguste, pourquoi verrait-on le sel de la terre ?
- La
réforme que j'apprécie le plus ?
La réforme qui, pour moi, est la plus
importante de ces quelques
dernières années, c'est sans conteste la mise en
place
des 35 heures. Nous ne pouvons pas, nous n'avons pas le droit,
d'organiser notre société sur la base de
l'égoïsme, du chacun pour soi. Nous n'avons pas le
droit de
laisser nos jeunes sans espoir, sans emploi. Nous n'avons pas le droit
de laisser les plus faibles, les moins doués, les malades,
les
handicapés –physiques, mentaux, de la vie,
…–
sur le bord de la route ; de faire comme s'ils n'existaient pas, faire
comme si c'était de leur faute s'ils sont dans cette
situation.
C'est peut-être toi, moi, qui seront
considérés
demain comme trop vieux, trop lent, pas assez
diplômé, pas
assez rentable, DE TROP. Nous habitons dans l'un des pays les plus
riches du monde ! Nous sommes parmi les plus productifs au monde !
Quoi, nous ne pourrions pas partager de notre superflu, et nous
exigeons des autres de nous donner ce minimum, leur indispensable ?
Voilà des gouvernants qui ont eu le courage de dire, de
faire.
Allons, riches de tous bords, toi, moi, les patrons du MEDEF ou
d'ailleurs, arrêtez de geindre, vous me faites mal aux
oreilles !
« Comme se terminait l'autre guerre, j'ai
rencontré Einstein, et
il m'a dit : un monde complètement neuf commence.
Au-delà
de l'explosion de la matière et de l'explosion de la vie par
l'augmentation démographique, il y a l'explosion de la
connaissance. Elle transforme les gens. Il prenait une comparaison :
quand de l'eau devient de la vapeur, c'est la même
matière, mais elle n'a plus les mêmes
propriétés. On ne peut plus l'utiliser de la
même
façon. Dans une banlieue où les jeunes sont mal
logés, où ils n'ont pas de travail, au moindre
incident,
la colère ne peut pas ne pas éclater, il suffit
parfois
d'un rien pour que tout s'enflamme, Immédiatement, alors,
c'est
vrai, viennent se mêler à ceux qui se
révoltent les
vrais filous, ceux qui brisent les vitrines pour emporter les objets de
valeur. Oui, c'est vrai que les filous se mêlent aux
révoltés, mais ce n'est pas vrai que tous les
révoltés sont des voyous. Beaucoup ne sont que
des
désespérés, de l'eau devenue vapeur.
Oui, il est
essentiel de s'occuper de cela. » (Abbé Pierre, Paroles de
Paix,
avril 2003)
- La
réforme que j'apprécie le moins ?
Vous l'avez sans doute deviné, c'est la remise en cause des
35
heures, les 33 heures chez nous. C'est le retour en force dans les
vieilles ornières, la mise à mal de la raison.
C'est
l'égoïsme (certains l'appellent le
réalisme
économique) qui doit primer, soit. Combien d'emplois seront
sacrifiés sur l'autel du libéralisme à
tout
va ? Combien de vies détruites ? Chacun pour soi,
prenons
modèle sur nos cousins d'Amérique.
Déjà,
des hommes, des femmes, des enfants sont dans la rue. Ils ont des
emplois, ils "gagnent leur vie" (tiens, la vie n'est pas un
don ?
Non seulement je ne peux choisir d'être ou de ne pas
être,
mais il me faut, en plus de la subir, gagner ma vie ? Voilà
un
des aspects de la société marchande qui est la
nôtre) : à la rue ! Les logements sont trop chers,
pas
assez nombreux. A quand le retour des bidonvilles que j'ai vus dans ma
jeunesse ? Et ne croyez pas que cela ne concerne que les
bénéficiaires des petits boulots, des petits
emplois, du
RMI : les classes moyennes aussi commencent à être
exclues
des centres villes, trop chers pour elles. Continuons le massacre !
"Alors, vous les riches, pleurez à grand bruit sur les
malheurs
qui vous attendent ! Votre richesse est pourrie, vos
vêtements
rongés des vers; votre or et votre argent rouillent et leur
rouille servira contre vous de témoignage" (Epître
de
Jacques 5, 1-11)
- Mon
occupation préférée ?
L’informatique, par tout ce qu’elle
m’autorise, tout
ce qu’elle m’apprend. Une fois que l’on a
compris
comment ça marche (ce n’est pas si
compliqué, ce
n’est qu’une invention d’hommes), un
monde immense
s’ouvre à nous. On peut tout voir, le pire comme
le
meilleur. C’est pour moi un merveilleux outil,
essentiellement
réservé à
l’écriture, à ma
culture. Vient ensuite la musique, celle que
j’écoute,
celle que j’exécute (pardon, ho Dieux des
percussions :
c’est un peu MOZART qu’on assassine, dans un autre
registre).
- Mes
auteurs favoris en prose ?
Parmi les illustres inconnus, sans conteste, ma fille Sandrine (Le
Roman d'Antonin, BORDEAUX, 2003, En mal d'Editeur, 145 pages). Vous ne
lirez peut-être jamais son œuvre. De toutes
façons,
on ne lit pas le Roman d'Antonin : on l'écoute. Ne cherchez
pas
l'histoire, le lieu, le temps : il n'y en a pas ! Approchez le texte
comme si vous écoutiez du BEETHOVEN (la 7ème),
du LITZ, surtout du TCHAIKOVSKY (la 6ème).
Les mots
sont musique, sensations, vibrations. Non, on ne lit pas le Roman
d'Antonin, on le ressent.
Parmi les plus connus, Michel de MONTAIGNE (Les Essais), Jean-Paul
SARTRE (Le mur, Huis clos), Gilbert CESBRON (Mourir
étonné, Ce que je crois, Lettre ouverte
à une
jeune fille morte, Le temps des imposteurs), Paul AUSTER (Trilogie
New-Yorkaise, Mr Vertigo, Léviathan), ou encore
pêle-mêle Isaac ASIMOV et ses robots, Roger GARAUDY
(Parole
d'homme), Roland BARTHES (Le plaisir du texte), Daniel GUERIN
(L'anarchisme). Il y en a bien d'autre, on ne va pas passer sa
journée là dessus.
- Mes
poètes préférés :
Ils sont déjà moins nombreux. Il y a surtout
PREVERT :
(La grasse matinée, Cet amour, L'effort humain, Chanson des
cireurs de souliers),
"Il est terrible
le petit bruit de l'œuf dur cassé sur un comptoir
d'étain
il est terrible ce bruit
quand il remue dans la mémoire de l'homme qui a faim"
et aussi ARAGON, Gaston COUTE, BREL (Quand on n'a que l'amour, L'homme
dans la cité, Dites, si c'était vrai, J'en
appelle,
Prière païenne, Jaurès, …)
- Mes
philosophes préférés ?
La philosophie est l’amour de la connaissance.
C’est
"interroger le réel d'une façon rigoureuse et
argumentée de façon à esquisser une
compréhension du monde et des principes d'action"
(Wikipedia,
l’encyclopédie en ligne, libre et gratuite)
D’aucuns affirment que le premier philosophe connu se nomme
Thalès de Milet. En fait (prenez vos crayons, ceci est un
scoop), les origines de la philosophie remontent aux origines
même de l’homme, dès que celui-ci a
été en capacité de se poser des
questions. Cet
homme … était une femme. N’est-ce pas
Eve qui a
fait goûter le fruit de la connaissance à
Adam ? Bien
entendu, ce fut une catastrophe : adieu le Paradis, et nous
sommes
là. Enfin, l’histoire n’est pas
totalement
vérifiée. Ce sont des hommes qui me
l’ont
racontée, il y a sans doute un peu de parti pris.
Ce petit intermède récréatif
étant
passé, pour moi tout est philosophie. Je ne
préfère pas tel à tel autre.
Même un
écrivain de quatrième catégorie peut
apporter
quelque chose de neuf, au détour d’une phrase.
C’est
le hasard d’une rencontre, une bouteille à la mer
qui
arrive sur une plage.
"Les abeilles pillotent deçà delà les
fleurs, mais
elles en font apres le miel, qui est tout leur ; ce n'est plus
thin, ny marjolaine : Ainsi les pieces empruntees d'autruy, il
les
transformera et confondra, pour en faire un ouvrage tout
sien :
à sçavoir son jugement, son institution, son
travail et
estude ne vise qu'à le former" (Michel de MONTAIGNE, Essais
livre I : De l'institution des enfans)
On peut donc compléter allègrement les listes
précédentes, pourquoi pas en y ajoutant Hans KUNG
ou Jean
CARDONNEL, l’acte religieux étant aussi acte
philosophique.
- Ma musique
préférée ?
Je dirais plutôt "mes musiques
préférées" Je
les aime presque toutes, du rock le plus hard aux mélodies
contemplatives du TIBET ou d’ailleurs. Je parle bien
sûr de
la musique, celle qui exprime l’homme, pas celle du commerce
qui
pervertit tout.
- Mes
compositeurs ou interprètes
préférés ?
Beaucoup de classiques : TCHAIKOVSKY, qui exprime si bien la
vie
dans sa 6ème symphonie, LITZ,
STRAVINSKY, … Et
BREL, un peu FERRE, pas du tout GAINSBOURG. Et les "pierres qui
roulent", les ROLLING STONES, ma jeunesse d’hier et
d’aujourd’hui.
- Mes
peintres préférés ?
Disons des œuvres de VASARELY,
VALADIE,
MONDRIAN, DALI.
Et aussi, beaucoup moins récents, Georges de LA TOUR ou Le
CARAVAGE.
- Mes …
STOP !
Si on n’arrête pas
là,
tous les arts vont
y passer ! Le cinéma, le
théâtre, la danse, le
tricot, les arts de la table, … Et si je ne me coupe la
parole,
qui d'autre m'arrêtera ?
Vous voici arrivé à la fin de ce questionnaire, du moins au
bout des questions qui viennent du côté de chez PROUST, celles que j’ai
retenues, adaptées ou ajoutées.. Vous avez tout lu, sans rien sauter,
sans rien omettre ? Bravo, et merci. Vous me connaissez maintenant
comme je crois me connaître. Vous connaissez un peu de ma révolte, de
ma désespérance, de ma souffrance, parties de la face cachée de
l’iceberg.
Adieu, donc, enfants de mon cœur
La flèche, le 15 février 2005