La vie, c'est la période qui s'écoule entre le jour où l'on nait et celui où
l'on meurt. C'est tout ! Nous n'avons rien demandé à personne, et nous sommes
là. Le temps s'écoule, jour après jour. Les uns se posent la question du
pourquoi, d'autres du comment. On s'exploite, se vole, se tue, s'aime,
s'entraide. Et la question importante, une des questions importantes, ce n'est
ni pourquoi ni comment, mais qu'en faire ?
Quelle qu'en soit la raison, l'animal est devenu homme. Et l'homme s'est donné
de la majuscule, s'est mis à penser, à questionner, à inventer des réponses aux
questions. Chaque réponse amène une autre question, puis une réponse, puis une
question. L'oublie efface parfois la question, ou la réponse, ou les deux. Un
homme meurt, les générations passent, le monde se renouvelle : chacun réinvente
sa voie.
Est-il si compliqué de définir, de dire des choses simples sur la vie, pour
vivre ?
Pourquoi inventer toujours des solutions plus complèxes pour résoudre un
problème simple ?
Nous vivons, c'est simple. Pour vivre, nous avons l'obligation première de nous
conformer à la nature. Nous avons l'obligation de nous nourir, de nous vêtir,
nous protéger du froid ou du chaud, toutes activités communes à tout animal
résidant sur la planète. Quel que soit le lieu de vie, le schéma, le principe
est le même, seules les conditions sont différentes. Il est plus facile de
vivre en Europe que dans le Sahara ou en Sibérie. Il n'empèche que les besoins
de l'animal homme ont la même base, comme pour tout animal. Il n'existe pas
d'être supérieur, ni inférieur.Il n'existe que des êtres de chaire qui, pour
survivre, ont besoin de manger, boir, dormir. Et la nature pourvoie,
gratuitement, à ce besoin. La nature produit indistinctement, pour tous.
L'équilibre se maintient. Foin de territoire, de politique, d'économique : le
vivant doit s'adapter à sa qualité de terrien.
Face à cette réalité, l'homme a inventé des valeurs. Il a essayé, il essaye
d'organiser son environnement à son propre usage. Sans doute, au début,
s'agissait-il justement de s'assurer les moyens de survie nécessaires. Les
écureuils amassent des noisettes, l'homme amasse du grain. Et parce que tout
seul l'homme n'est rien, il se regrouppe. C'est la solidarité du groupe, de la
horde. L'homme est un « animal social ». Puis on se bat pour agrandir son
territoire, améliorer ses stocks, au besoin en volant. Le comportement se
calque toujours sur l'animal. L'homme n'a rien inventé, il va simplement plus
loin, avec méthode, pour assouvir ses besoins. Il n'y a rien là de si
extraordinaire, de si formidable. Il n'y a pas de raison d'avoir la grosse
tête.
Le monde qui nous entoure est extraordinaire parce qu'il nous dépasse par son
imensité, sa compléxité. L'homme n'est qu'une infime partie de ce monde. Il n'y
pas de gloire à se dire homme, ou terrien, ou français. Nous n'y sommes pour
rien, nous n'avons pas choisi d'être où nous sommes, de la couleur que nous
sommes.
Certains se croient meilleurs que d'autres, plus méritants, plus intelligents.
Ils attribuent celà à leur naissance, à leur appartenance, à leur couleur, leur
nationalité : nous ne sommes que le fruit d'un hasard, que le résultat
provisoire d'un possible au milieu d'autres possibles. Il n'est rien de
glorieux la dedans.
La gloire de l'homme, ce serait de se mettre au service du monde, pour rendre
le passage de tout et de tous plus simple sur cette terre.
La solidarité du groupe est un bon début. Las, celà aboutit vite à la
perversion de la raison du plus fort : on ne sort pas, quoi que l'on dise, du
schéma « sauvage ».