Ecrire, plaisir d'écrire...

Les mots s'ajoutent aux mots, forment des phrases. La page se remplit. L'important, ce n'est pas le texte. Non ! Ce qui compte vraiment, c'est le plaisir ressenti à faire courir la plume sur la feuille de papier : la main fait corps avec l'esprit. L'esprit ordonne, la main met en forme.

J'ai aussi pris plaisir à écrire à l'aide de ces merveilleuses machines que sont les ordinateurs. Mais, il y a autant de distance entre l'écriture manuscrite et le texte dactylographié, qu'entre la réalisation d'un tableau et la prise d'une photo : la machine casse le lien magique entre l'homme "créateur" et son œuvre. L'écriture a bien des aspects en commun avec la peinture. L'idée germe dans le cerveau; la main la retranscrit sur la feuille. L'outil -pinceau, couteau, ...- est simplement remplacé par la plume.

Mais enfin, que j'use d'une plume ou d'un clavier, quelle différence ? Car, quel que soit le moyen utilisé, l'idée germe toujours bien dans le cerveau ! Certes, mais sans la plume, il n'y a plus ce contact charnel avec la feuille de papier, ce grattement lors du dessin, même maladroit, de chaque mot. La trace laissée sur la feuille fait corps avec l'esprit.

Avec un clavier, les doigts frappent des touches. Les mots ne sont plus que des lettres juxtaposées. Il n'y a plus de vie, c'est de mécanique qu'il s'agit. Peut-être avons nous là une approche des raisons du divorce, et de la frustration qui en découle, entre l'homme et le travail : plus l'œuvre humaine se divise en tâches mécaniques, et moins l'homme se reconnaît dans son œuvre.