LES PROUESSES
LITTÉRAIRES DE
GEORGES PEREC
Auteur inclassable et prolifique, Georges Perec est l'homme de
l'écriture sous contrainte, ce processus de
création littéraire qui considère
que l'imagination est stimulée par le cadre
étroit de la contrainte.
En s'obligeant à respecter des règles
arbitraires, on ouvre des possibilités nouvelles, et c'est
précisément ce que se proposent de faire les
auteurs de l'Oulipo (Ouvroir de littérature potentielle),
qui se rassemblent depuis 1960 (initialement autour de Raymond
Queneau) pour explorer les possibilités infinies de
l'écriture.
Perec faisait partie de l'Oulipo, il en fut même un des
membres représentatifs, avec son incroyable catalogue d'ex-
ploits littéraires. .
L'une des œuvres sous contrainte les plus marquantes de Perec
est
La Disparition,
un roman de 300 pages écrit sans jamais
utiliser la lettre
e
! Bien sûr, au-delà de la
contrainte, il y a un propos : la douleur de l'absence, que Perec ne
connaissait que trop bien, lui dont les parents avaient
été exterminés dans les camps nazis.
En 1972, trois ans après
La Disparition,
Perec renouvelle
l'exploit en publiant
Les
Revenentes, un livre où la seule
voyelle est le
e...
Mais son oeuvre la plus aboutie est
La Vie mode d'emploi,
un roman qui raconte la vie de tous les occupants d'un immeuble en
respectant un enchevêtrement de contraintes si complexe qu'il
fallut attendre la publication posthume du
Cahier des charges de
La Vie
mode d'emploi, le dossier préparatoire de Perec, pour les
retrouver toutes.
Grand amateur de jeux lexicographiques, Perec a également
laissé un grand nombre de travaux sur les mots et la langue.
Il fabriquait des grilles de mots croisés pour des
magazines, inventait des machines à faire des citations, et
a longtemps conservé le record du monde du palindrome le
plus long.
Un palindrome est une phrase qui peut être lue
indifféremment de gauche à droite ou de droite
à gauche, comme
par exemple :
Esope
reste ici et se repose. Le palindrome
écrit par Georges Perec faisait... 1 247 mots !
VOIR AUSSI : LA CORRESPONDANCE COQUINE DE GEORGE SAND ET ALFRED DE
MUSSET (P. 82)