Couverture de On a tiré sur le cercueil
On a tiré sur le cercueil


« C’était fatal. A force de tirer sur les ambulances, on allait bien en venir aux cercueils.
Et un jour, justement, où les fossoyeurs sont en grève ! Un tel acharnement sur un sujet en principe cliniquement mort éveille les soupçons de l’inspecteur Sartoux et la perplexité médicale d’Isabelle, sa pétulante maîtresse.
L’enquête commence pas se porter sur la famille de la victime à répétition. Et le mystère ne fait que s’épaissir. Touristes italiens visitant les banlieues pour acheter des amanites phalloïdes, allées et venues nocturnes dans le grenier désert au-dessus de la chambre du couple, lavabo rempli de sang au matin. Sans compter que les cadavres s’accumulent et que les chasseurs commencent à ressembler à du gibier…
Mais les apparences sont trompeuses. Alors qu’il croyait entrer chez Boris Karloff, Sartoux a peut-être sonné à la porte de Groucho Marx. »

Une bien curieuse histoire, plaisante en son début, qui finit par paraître bien longue ; un mélange de roman policier –on enquête sur des meurtres en série– et de conte fantastique au pays des vampires. Cela peut se lire, mais l’ignorer ne m’aurait pas empêché de dormir…


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Auteur(s) :

André RUELLAN
André Ruellan a longtemps exercé la médecine tout en publiant au fil des ans, le plus souvent sous le nom de Kurt Steiner, une quarantaine de romans fantastiques. Lauréat du prix de l’Humour noir en 1963 pour son Manuel du savoir-mourir (qui lui valut d’être invité par André Breton à se joindre au groupe surréaliste) et, en 1985, du Grand Prix de l’imaginaire pour Mémo (Présence du Futur), il a aussi beaucoup travaillé pour le cinéma, notamment avec J.-P. Mochy. En 1957, Jean Cocteau lui écrivait : « C’est une sombre fête que de vous lire. » C’est toujours vrai aujourd’hui.

Références bibliographiques :

Denoël, Sueurs Froides, 1997, 240 p.

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Extrait :

Page 7
Les fossoyeurs étaient en grève. Ils avaient entraîné dans leur mouvement les gardiens et les jardiniers. Le personnel de trois cimetières avait investi celui de Belleville à cause de son ambiance bucolique et du caractère improbable d’une inhumation téméraire. En effet, on n’y enterrait guère que les heureux propriétaires d’une concession. Un piquet en bloquait cependant l’entrée.

« On a essayé de tuer un mort », dit-il.Isabelle avait trente ans. Sa véritable spécialité c’était la littérature. L’histoire aussi. Et quand les deux se liguaient pour empiéter sur le territoire médical, elle ne les refoulait pas. Ainsi ce fait divers ne lui semblait pas plus extraordinaire que ce qui c’était passé pendant cinq cents ans dans le cimetière des Innocents, où l’on remplissait de cadavres des fosses communes à raison d’un millier par an, ne les recouvrant de terre que lorsqu’elles étaient pleines, après en avoir creusé une autre à côté. Ainsi, pendant des siècles, les habitants du centre de Paris avaient vécu dans une puanteur de charnier, toutes les pétitions se heurtant au veto de l’archevêque. Pourtant, en 1870, une fosse commune creva deux étages de caves d’une maison de la rue de la Lingerie, qui furent emplies de cadavres pourris. Il fallut encore six à huit ans pour ouvrir les catacombes… Alors, songeait Isabelle, qu’on ait tiré sur un cercueil n’était qu’une informationanodine en comparaison. (page 20)Le téléphone sonna. Alain décrocha. «Quoi!» cria-t-il.

Il écouta un instant, puis raccrocha. « Il s'est évadé », dit-il, consterné.

Armançon bondit : « Qui est-ce qui m'a foutu une bande de cons pareils ! »

Stoïca plissa le front. « Je ne vois pas comment il a pu faire, dit-il. J'ai moi-même choisi une cellule individuelle, avec barreaux à la fenêtre et caméra vidéo à l'intérieur.

- Bon Dieu, martela Alain, nous voilà à nouveau avec ce fou sanguinaire sur les bras...

- Non, dit Millaud. Il était là pour récupérer ce qu'il considérait comme son diamant. Maintenant qu'il l'a, je ne crois pas que nous entendrons parler de lui.

- Espérons-le, dit Isabelle.

- On me fait porter la cassette vidéo, fit Alain.

- Qu'est-ce que vous voulez qu'il y ait dessus ? cria Armançon. Ce type a dû se cacher derrière la porte au moment où on lui apportait son repas... et il est parti tranquillement derrière le dos de son gardien... » Il se tourna furieusement vers Stoïca. « Il n'y avait pas de passe-plats, hein ? Il fallait ouvrir la porte, hein ?

- Non, dit Stoïca. Il y a un passe-plats, justement. »

Armançon resta coi.

« II a crocheté la serrure, dit Alain. Un bout de fil de fer qui traînait... »

Personne ne releva l'invraisemblance de l'hypothèse. On sonna à la porte. Isabelle alla ouvrir, et revint avec une grosse enveloppe. Elle en tira une cassette de magnétoscope, qu'elle inséra dans l' appareil. Elle appuya sur « lecture ». Tous se penchèrent.

Pendant un moment, ils ne virent rien. Puis Armasane passa dans le champ. De nouveau rien. Armasane ouvrit la fenêtre et saisit les barreaux. II resta ainsi un moment, et recula, disparaissant du champ.

Les assistants continuaient de regarder avidement. Une petite forme s'insinua entre les barreaux, venant de l'intérieur. Ils se penchèrent pour mieux voir. C'était une chauve-souris, qui s'envola et disparut.

La bande se déroulait toujours, mais seule était filmée la cellule vide. Puis la neige envahit l'écran. Alain arrêta le magnétoscope.

Ils évitaient tous de se regarder. Le téléphone sonna de nouveau. Alain décrocha et écouta un moment.

« C'est un technicien qui a installé la caméra, dit- il en raccrochant. II est entré dans la cellule pour la vérifier, et il n'y avait plus personne.

- C'est lui qui l'a fait évader! hurla Armançon.

- On est en train de l'interroger, dit Alain. II nie.

- Comment s'appelle-t-il ? demanda Stoïca.

- Un certain Tudor... comme la famille anglaise.

- Tudor est aussi un prénom roumain », dit Stoïca.

Cette remarque fit taire tout le monde.

« Il faudrait revoir la cassette, avança Alain. La chauve-souris a dû entrer, avant de sortir. »

Il fit passer la bande en arrière, puis reprit la lecture. À aucun moment on ne voyait de chauve-souris entrer dans la cellule.

« Ca ne veut rien dire, grommela Armançon. Le champ de la caméra n'embrasse pas toute la fenêtre. Elle est entrée par le haut, hors champ, voilà tout.

- Évidemment », dit Alain.

Ceux qui étaient encore assis se levèrent.

« Vous allez voir, dit Stoïca. On va tirer les vers du nez de ce Tudor. »

Isabelle lui jeta un regard incertain. « Et s'il avoue, pourra-t-on être sûr qu'il dit la vérité ?

- Que voulez-vous dire ? demanda Millaud.

- Qu'on pourrait avoir affaire à un nouveau Sturza, amateur de sacrifice... qui s'accuserait pour...

- Pour couvrir une transformation d' Armasane en chauve-souris ? demanda Millaud.

- Non..., admit Isabelle. C'est idiot.

- C'est idiot », répéta Stoïca.

Isabelle regardait fIXement le sol.

« Qu'est -ce que tu as vu ? demanda Alain.

- Rien, répondit Isabelle. Je pensais seulement que...

- Quoi?

- Elsinescu... enfin, Armasane ne s'exposait jamais au soleil. Quand il y en avait dans le coin d'une pièce, il se mettait dans un autre...

- C'est tout ce que tu as vu ? dit Alain avec un rire légèrement forcé.

- C'est tout ce que j'ai vu. Mais il y a une chose que je n'ai pas vue.

- C'est quoi ? fit Stoïca.

- Son image dans les glaces. Il s'en tenait toujours éloigné. Comme du soleil.

- Évidemment, ponctua Millaud. Ça aussi, ça faisait partie de son personnage...

- Évidemment... », concéda Isabelle.

La porte s'ouvrit. Parnaud entra. « On a trouvé, dit-il, le corps d'un clochard que j'avais arrêté puis libéré. Un certain Marcel Dubois.

- Et alors ? grogna Armançon.

- Il était dans le cimetière de Belleville. Saigné à blanc. »

Le silence se fit.

« Il avait deux trous au cou. Un râteau les pointes en l'air juste à côté. n devait être ivre mort et il est tombé dessus. »

Nouveau silence.

Parnaud poursuivit sur un ton d'évidence un peu forcé: « Il a plu à torrents. Tout le sang a été absorbé par la terre, évidemment...

- Évidemment, ponctua faiblement Alain.

- Ce n'est pas l'évadé qui... » Parnaud s'arrêta avec un rire artificiel.

« En tout cas, grogna Armançon, je vais remettre la main dessus, moi. Et il va prendre la perpétuité. »

(pages 230 à 233)

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Au sommaire 

Avant-propos


Extérieurs jazz, lieux et ambiances

« Aux origines était... la Nouvelle-Orléans »
« À Chicago, le jazz s’invite dans les bouges »
« Puis au cinéma »

Le Jazz dans tous ses états

« Le jazz, c’est d’abord... la révolution ! »
« Le jazz, c’est la conquête de la liberté »
« Pas de jazz sans batterie ! »
« Un peu de voix »
« Un soupçon de rythme latino »
« Un doigt de dissonance »
« Au final, le jazz, c’est de la grande cuisine ! »
« Jazz pour tous ! »

Ascenseur pour la gloire, figures majeures

« Figures joyeuses... »
« Et généreuses ! »
« Figures charismatiques »
« Et élégantes »
« Mais aussi... figures chaotiques »
« ... Et dramatiques »

Au revoir et à bientôt

« Glossaire »
« Les indispensables »


 

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M
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